Portraits de Femmes en Sciences

Sa biographie:

Photo de Margaret Hamilton aujourd'hui
Margaret Hamilton aujourd'hui

Un combat féministe:

Photo de Margaret Hamilton posant à côté des livres contenant les programmes qu'elle a codé pour les modules Apollo
Margaret Hamilton en 1969
Margaret Hamilton, sa biographie:
Photo de Margaret Hamlton travaillant sur un module Apollo

Premièrement Margaret Hamilton est née le 17 Août 1936 à Paoli dans l’Indiana aux Etats-Unis. Enfant unique, elle mène une enfance heureuse en compagnie de ses parents, Kenneth Heafield et Ruth Esther Heafield. A la fin du lycée elle se passionne pour les nombres et rêve d'y faire carrière. Elle ira à l'université de Earlham puis à celle du Michigan. A 22 ans, elle obtient son diplôme de mathématiques. Après cela elle décide de soutenir son époux: Dan Licly pendant 3 ans afin qu'il obtienne son diplôme de droit à Harvard puis continuera l'étude des mathématiques fondamentales par la suite. En 1960, à l'âge de 24 ans, Margaret Hamilton prend un poste au MIT afin de développer des logiciels de prédictions météorologiques et se découvre une nouvelle passion. En 1961, elle travaille pour le SAGE projet. C'était un des premiers systèmes informatiques de défense anti-missile, les programmes sur lesquels elle travaillait avait pour but de détecter les avions sur l'ordinateur géant AN/FSQ-7.


L'ordinateur géant AN/FSQ-7
L'ordinateur géant AN/FSQ-7
Equipage de la mission Apollo 11
Équipage de la mission Apollo 11
Photo de Margaret en 1969
Photo de Margaret en 1969
Remise de médaille
Remise de médaille en 2016

Pendant cette période, elle subit un bizutage assez particulier. Elle raconte son expérience:

« Ce qu’ils avaient l’habitude de faire, quand vous veniez de débuter dans l’organisation, c’était de vous assigner à un programme que personne n’avait été capable de comprendre et de faire fonctionner. Quand j’ai débuté, ils m’ont mise dessus également. C’était une programmation piégée, et la personne qui l’avait écrite s’était amusée à mettre tous les commentaires en grec et en latin. Donc on m’a assigné à ce programme, et je l’ai finalement fait fonctionner. Il imprimait même ses réponses en latin et en grec. J’étais la première à le faire marcher. »

Avec son expérience, elle développe des capacités et des compétences importantes ce qui fait d'elle une candidate idéal pour le rôle de développeur à la NASA et c'est ainsi qu'en 1963 elle est recrutée par le laboratoire DRAPER du MIT. Sa mission était de gérer les logiciels du programme Apollo. Elle est nommée directrice du département génie logiciel. Elle est chargée de concevoir le système embarqué du programme Apollo, elle fut très impliquée dans sa tâche et y consacra beaucoup d'heures. Elle confia:

« Je me souviens, je prenais ma fille avec moi la nuit et le week-end. Une fois, elle s’est mise à jouer à l’astronaute et d’un coup le système de simulation a planté. J’ai réalisé qu’elle avait sélectionné PO1 - le programme d’atterrissage - pendant le vol. J’ai commencé à m'inquiéter et à penser à ce qui se passerait si les astronautes faisait ce qu’elle venait de faire. Je suis allée voir la direction pour leur dire qu’il fallait apporter des changements au programme. Ils ont dit : “Ça n’arrivera jamais, nos astronautes sont super entraînés, ils ne font pas d’erreurs”. Lors de la mission suivante, Apollo 8, la même chose est arrivée. PO1 a été sélectionné en plein vol.».

Ansi grâce à Margaret Hamilton et son équipe, les données de navigation purent être renvoyées à temps au module d'Apollo 8 et sa trajectoire fut corrigée. Par la suite elle continua de développer ses logiciels sur les programmes Apollo, c'est elle qui est à l'origine de la création d'un système de priorisation des tâches qui s'avéra vital pour la mission Apollo 11. En effet, le 21 Juillet 1969 le module est sur le point d'alunir quand soudainement de nombreuses alarmes se déclenchent, l'ordinateur de bord souffre d'une surcharge de travail. Il est dans l'incapacité de traiter toutes les données en même temps. Margaret raconta:

« L'ordinateur était programmé pour faire mieux que simplement identifier une situation d'erreur. Des programmes de récupération avaient été incorporés dans le logiciel qui permettait d'éliminer les tâches ayant les priorités plus faibles et d’exécuter les plus importantes. Si l'ordinateur n'avait pas reconnu le problème et entrepris ces actions de récupérations, je doute qu'Apollo 11 aurait réussi son atterrissage sur la Lune comme il l'a fait. »

Suite à son poste au MIT, elle co-fonda dans un premier temps sa propre entreprise de développement logiciel avec Sayden Zeldin nommée « Higher Order Software ». Et en 1986, elle fonda cette fois-ci seule sa société Hamilton Technologies, où elle développa son propre langage de programmation: l'Universal Systems Language (USL). C'est ainsi qu'en 2003, 27 ans après son départ de la NASA, l'agence spatiale lui remit enfin un "Exceptionnal Space Act Award" pour l'ensemble de ses contributions scientifiques et techniques au profit du programme Apollo. Sa récompense accordée par la NASA fut suivi en 2016 par la Médaille présidentielle de la liberté: la plus haute distinction aux Etats-Unis. C'est Barack Obama en personne qui la lui accorda. Il aura fallu 47 ans pour que son travail soit enfin reconnu.

Un combat féministe:
Photo de Margaret Hamlton à une conférence

Grâce au poste que Margaret Hamilton a obtenu au MIT en 1960, elle eut un rôle précurseur avec les usages de l’époque. En effet dans les années 1960, elle constituait une exception avec quelques autres femmes que sont Katherine Johnson, Dorothy Vaughan, Mary Jackson ou encore Nancy Roman dans un milieu scientifique essentiellement masculin dans lesquels les postes de responsabilité technique étaient rarement attribués aux femmes. Toutefois, l’informatique était encore peu reconnu, et peu prisée par les hommes. Dans une interview pour le média Computer History Museum paru en 2017,
Margaret raconta :

« J’ai donné une conférence dans mon université à Earlham et les élèves voulaient savoir qu’est-ce que ça faisait d’être dans le domaine de l’ingénierie et être une femme mais cela semble être encore pire aujourd’hui que dans les premiers temps, quand vous voyez qu’une femme ne peut pas conduire dans certains pays ou quand vous voyez qu’une femme ne peut pas devenir prêtre alors vous commencez à voir et connaître comment les systèmes de systèmes de systèmes ou encore l’effet papillon fonctionnent et l’effet qu’ils ont. Toutes ces choses impactent notre culture, les femmes ou les minorités sur ce qu’ils peuvent faire ou non car les enfants pourraient penser pourquoi je ne peux pas faire ça si je suis ceci ou cela avant que nous fassions des changements dans nos dirigeants et que nous cessions d’admirer des gens qui font des choses qui encouragent cela. »


Interview de Margaret Hamilton pour le média Computer History Museum paru en 2017:

La notion de plafond de verre selon l'ESCE (International Business School):


En effet il est plus compliqué d’être une femme et vouloir atteindre de hauts postes dans le domaine scientifique de nos jours, la difficulté n’est plus d’y entrer mais plutôt de dépasser le plafond de verre auxquels se heurtent les femmes et les minorités. Margaret Hamilton étant mère d'une petite fille, elle a dû affronter les critiques des personnes qui ne comprenaient pas qu'une mère puisse poursuivre une carrière en parallèle. Et malgré les réalisations et les innovations de Margaret, la proportion de femmes dans ce domaine reste faible, mais notons que la société et le plafond verre ont un rôle important dans ce fait.